Un ouvrage de Dan SIMMONS - 1990

HypérionRETOUR LISTEFondation

Présentation

Le Retz se prépare désormais à un conflit armé avec les Extros pour la possession d'une planète périphérique : Hypérion. L'enjeu est la souveraineté de l'Hégémonie, l'inviolabilité de l'unité du Retz. Mais si Hypérion est la planète de toutes les convoitises, elle concentre parallèlement toutes les craintes. Elle abrite effectivement le gritche, imperceptible et impitoyable monstre à la cruauté infinie. Cette menace tient Hypérion à l'écart du réseau de portes distrans qui matérialise l'existence du Retz en reliant ses planètes entre-elles, elle constitue néanmoins un risque apparemment moindre aux yeux de Meina Gladstone, présidente de l'Hégémonie, que l'acceptation de l'intrusion extro.

Les Extros sont constitués d'une myriade d'essaims errants dans l'espace. Mais qui connait leur réelle nature ? Quel est leur mode de vie ? Se peut-il que leur puissance soit sous-estimée, même par le TechnoCentre au sein duquel évoluent les Intelligences Artificielles qui conseillent l'Hégémonie ? C'est ainsi qu'Hypérion devient le centre névralgique d'enjeux qui dépassent l'entendement et que les pèlerins partis à la rencontre du gritche se retrouvent pris au cœur d'une tourmente historique dont l'issue paraît bien sombre...

Tel un dieu impuissant, Joseph Severn perçoit l'intégralité des événements sans pouvoir les infléchir, puisqu'il côtoie Meina Gladstone la journée et partage en rêves la vie des pèlerins durant ses nuits. Dès lors l'histoire est écrite par une succession de drames humains, d'épreuves titanesques dont seule l'improbable réussite peut sauver plus qu'un monde perdu : une manière de vivre !

 

Personnage central : Joseph Severn / John Keats

Comme tous les cybrides, il possède une personnalité de récupération. Dès lors peu importe son nom, il est un électron libre dont on ne sait qui peut le plus craindre sa présence. Sa caractéristique première reste cependant de partager dans son sommeil l'existence des pèlerins et ainsi de nous faire partager leurs craintes et leurs espoirs. Mais le rôle de John Keats s'arrête-t-il au stade de conteur semi-mystique ? N'est-il pas plus, du simple fait de son existence ambiguë, à mi-chemin entre l'homme et l'IA ? Lui qui se souvient de sa propre mort pourra-t-il contribuer à rétablir une bien illusoire paix ?

 

Analyse : La vie en réseaux

L'organisation en réseaux atteint probablement son paroxysme lorsque cligner des yeux suffit pour obtenir l'information désirée sur le sujet souhaité. C'est ainsi que les habitants du Retz peuvent se lier à l'infosphère. Celle-ci est une aire globale d'information accessible grâce au persoc que chacun porte sur soi. Tout est partagé, tout est instantané dans le plus abouti des réseaux ! L'élaboration d'un tel espace de partage ne peut vraisemblablement à ce jour que s'appuyer sur une structure informatique avancée, sur des bases de données dynamiques et colossales. Les avantages d'un réseau ainsi constitué sont infinis. En effet, la somme de tous les êtres concernés par le réseau offre une relation positive suivant un mode d'action, de réaction et d'amélioration immédiate.

Tout réseau est pourtant d'essence fragile. Car si le réseau protège théoriquement de la perte absolue d'une information (même en cas de disparition d'un de ses composants), il est otage de la viabilité des liens centripètes qui le fédèrent. En effet, l'interdépendance souvent louée n'en demeure pas moins une dépendance réelle. Morceler un réseau condamne alors chaque fraction à perdre une quantité inestimable d'information. D'où l'importance de ne jamais perdre de vue qu'une donnée précieuse est mieux protégée une fois dupliquée sur un support accessible et inaltérable.

La connexion à un réseau est un investissement si captivant pour l'individu qui sort ainsi de sa solitude, qu'en être coupé peut créer un état de manque, une sensation de nudité. Se retrouver alors livré à soi-même doit dérouter, apeurer... comme une seconde naissance, comme un égarement mental. Il est en effet certain qu'un réseau est une entité propre qui vit selon une organisation méticuleuse. Cette conscience collective est l'ultime échelon avant la création d'une nouvelle forme d'existence indépendante macrocéphale. Adhérer ou non ce mouvement est un choix personnel entre la volonté de s'améliorer et le besoin de se sentir exister...

 

Critique

La chute Hypérion est la suite que méritait Hypérion. Particulièrement surprenant et captivant, l'ouvrage étonne par son intelligence. Les forces décrites dans le récit sont toujours utilisées à bon escient, la mise en situation parfaitement aboutie. Chaque personnage joue son rôle à la perfection, respectant sa propre logique sans pour autant omettre une part de mystère. Il ne manque probablement rien à ce jour à Hypérion pour devenir la référence SF absolue en ce qui concerne la création d'un univers autour d'une problématique. Les deux volumes sont effectivement d'une rare complémentarité. Là où Hypérion marque par la qualité de son récit, La chute d'Hypérion se caractérise par une mise en relief des événements antérieurs. L'ensemble est probablement le plus accompli jamais réalisé. Ne tardons plus pour nous y plonger (ou replonger) avec délice et émerveillement !

Appréciation

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