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Un peu de réflexion

 

 

 


Un ouvrage de Ray BRADBURY - 1950

L'envol de MarsRETOUR LISTELa guerre des Gruulls

Présentation

Mars est à portée de main pour la première fois de l'histoire de l'humanité. Une planète Mars habitable et habitée accueille les premiers explorateurs terriens venus se couvrir de gloire. Un stupide malentendu condamne cependant la première expédition à une fin soudaine et inattendue. Mais les tentatives se poursuivent avec une tranquille régularité. Nul ne sait cependant quel sera l'aboutissement de ce contact naissant entre deux espèces, deux sociétés qui malgré leurs ressemblances sont foncièrement différentes…

Quels peuvent effectivement être les effets d'une rencontre entre ces deux mondes, entre des Terriens rationnels, curieux et ambitieux et des Martiens indifférents, espiègles et télépathes ? Quel impact cela peut-il avoir sur chacune des deux civilisations ? Les Terriens n'en sont pas à se poser ce genre de questions lorsqu'ils commencent à fouler une Mars dont les conditions de vie sont singulièrement accueillantes. Néanmoins, si les premiers colons recherchent l'aventure et l'événement historique, d'autres perçoivent déjà subtilement Mars d'un point de vue stratégique.

Car si Mars semble baignée d'une douce quiétude, la Terre n'en a pas fini de se déchirer. L'affaire se complique donc lorsque la guerre éclate sur Terre. Quelle sera la réaction des premiers colons terriens face à ce conflit absurde, à cette guerre totale ? Le fanatisme peut-il franchir des millions de kilomètres au mépris de tout semblant de raison ? La solution vient cependant peut-être de Mars où, sur des bases à la fois saines et fragiles, une certaine manière de penser pourrait finir par voir le jour…

 

Personnage central : Spender

Il est difficile de détacher un personnage dans un livre hétéroclite comme les Chroniques martiennes. Un homme se distingue cependant par son envergure. Il s'agit de Spender, membre de la quatrième expédition. Celui-ci est en effet le seul dont la mémoire survit aux années. Car s'il n'apparaît pas plus qu'un autre dans l'histoire, certains se souviennent de ce qu'il a dit ou fait. Avec Spender, Ray Bradbury exprime ses pensées, son amertume face au comportement barbare de notre civilisation évoluée. Spender possède un regard lucide sur la suite des événements, ce qui en fait un marginal puisque seul le capitaine Wilder qui dirige l'expédition réussit à le comprendre sans pourtant être capable de le suivre dans sa folie. Car Spender a cela de troublant qu'il accomplit ce que chacun de nous peut rêver faire sans jamais oser le réaliser.

 

Analyse : La colonisation

Les Chroniques martiennes développent la notion de contact entre l'humanité et des Martiens fantasques, mais plus encore entre l'humanité et la planète Mars elle-même. L'installation de Terriens sur une planète accueillante source d'une civilisation évoluée et mystérieuse est l'occasion pour Bradbury de reconstituer un modèle de colonisation. Mais s'extraire du berceau originel est-il suffisant pour développer une mentalité différente ? Si le récit est mené selon un ton joyeux, son fond est beaucoup plus pessimiste. Car l'humanité n'a jamais su à ce jour faire preuve de compréhension pour les peuples qui se sont mis en travers de sa croissance.

L'exemple des Indiens d'Amérique est le plus célèbre de cette folie qui accompagne l'expansion et le profit. Les Hommes, lorsqu'ils sont en position de force, sont probablement le plus terrible des prédateurs qu'une espèce (humaine elle-même, animale voire extra-terrestre) puisse rencontrer. De cette attitude découle souvent une incompréhension mutuelle qui accroît la barbarie. Les Chroniques martiennes présentent pourtant les premiers explorateurs terrestres comme ouverts et curieux de leurs hôtes involontaires, les fait se heurter à un mur d'indifférence inquiétante voire agressive. C'est là toute la force de l'ouvrage que de décrire les étapes logiques d'un phénomène de colonisation, n'hésitant pas au passage à reprendre un des événements les plus terribles de la colonisation européenne en Amérique : la contamination bactériologique.

La civilisation occidentale, puisque c'est indiscutablement elle qui est la cible directe de l'œuvre, est-elle dès lors capable d'évoluer, de faire profit de son expérience autrement qu'à des fins destructrices ? Peut-être sera-t-elle capable un jour de faire preuve de suffisamment de sagesse pour bâtir sur une terre vierge une société nouvelle ? Tel est l'espoir de Bradbury pour qui tout espoir n'est pas perdu. Mais alors, la maturité d'une minorité ne risque-t-elle pas de s'effectuer au détriment du plus grand nombre, celui-là même qui n'aura pas su s'adapter, évoluer pour enfin atteindre sans discussion possible le statut de civilisation ?

 

Critique

Les Chroniques martiennes sont un ouvrage atypique par sa structure disparate ainsi que par son contenu très littéraire. Si l'intérêt du récit souffre quelque peu de la discontinuité marquée entre les chapitres, cela permet à Bradbury d'accroître sa réflexion en orientant plus aisément chaque pan de son histoire. Or, Bradbury est loin de manquer d'idées et l'on peut nettement ressentir dans ses propos la stupeur et le traumatisme laissés par la 2ème Guerre Mondiale. Au final, l'œuvre est inconstante mais possède des passages de génie qui, chose rare en SF, sont parfois étudiés dans nos lycées. Les Chroniques martiennes apportent la preuve qu'un livre n'est pas obligé de rester dans un cadre standard et prédéfini pour être bon, que la SF a besoin d'imagination et d'originalité pour s'épanouir.

Appréciation

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