Un ouvrage d'Alphonse BRUTSCHE - 1971 |
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Présentation Les Terriens ont lentement colonisé l'espace sur une centaine d'années lumière. Les communications entre les planètes restent cependant réduites au minimum du fait des distances considérables, si bien que lorsque Arbolea est subitement détruite, seule la proche périphérie du monde colonisé finit par en prendre connaissance. L'avancée des envahisseurs est irrésistible. Il faut dire que les Gruulls, nommés ainsi pour la friture qu'ils laissent dans l'équipement radio, possèdent une arme dévastatrice qui n'altère que la matière organique ainsi que le pouvoir de voyager dans le subespace. Les FAST (Forces Armées Spatiales Terrestres) sont dévastées. Néanmoins, malgré des pertes colossales, leur résistance est acharnée. Anim Grovnor, Illona Doren et Nataniel Jonson constituent l'équipage d'un "oiseau-mouche" des FAST. Leur situation semble désespérée lorsqu'ils se retrouvent entraînés dans le subespace dans l'aspiration d'un vaisseau gruull. Ils émergent par hasard sur une planète aux confins de la galaxie. Exilés sans espoir de retour, ils s'efforcent de survivre et de garder la raison. Ils étudient alors la faune locale jusqu'à découvrir la vérité, la stupidité de la guerre qui oppose les humains aux Gruulls.
Personnage central : Anim Grovnor Anim Grovnor n'est pas un héros au sens généralement entendu. Accompagné par sa compagne Illona Doren, il a dû abandonner Miklauss Kiem, son canonnier grièvement blessé, à une mort certaine. Il se contente de tenir sa place dans le chaos indescriptible de la guerre. Il aurait probablement failli sans ses compagnons de périple, chacun complétant les faiblesses des autres, mais il possède néanmoins les capacités de réaction et de décision qui rendent un homme exceptionnel. Il deviendra finalement, presque à son insu, celui par qui la vérité éclatera
Analyse : La guerre La guerre est toujours susceptible de s'entretenir d'elle même. Son développement entre deux espèces n'ayant jamais communiqué est basé sur l'ambiguïté. Non souhaitée, redoutée, elle forme les êtres à se plonger dans l'horreur. La guerre des Gruulls a le mérite de montrer comment des hommes normaux peuvent devenir de redoutables combattants. Qu'y a-t-il pourtant de plus terrible qu'une guerre à distance où l'on peut périr en une fraction de seconde sans même avoir eu le temps d'avoir peur ? La guerre se nourrit donc de la haine, elle même issue de la peur qu'engendre l'inconnu. Cette haine est entretenue par l'usage destructif des armes ennemies. L'incompréhension de la fureur d'un agresseur non provoqué peut pousser à la haine, mais aussi à la résignation. En effet, qu'y a-t-il à faire contre un adversaire dont la technologie est supérieure ? Car l'intelligence a besoin de comprendre le pourquoi de sa destruction, cela dans une logique comparable à l'instinct vital de survie. Les Gruulls conservent néanmoins leur mystère. C'est tout juste si les humains découvrent au cours des combats l'étendue prodigieuse de leur puissance, dont la capacité de voyager dans le subespace qui offre la possibilité de frapper à peu près n'importe où. Il est d'ailleurs surprenant que les Gruulls aient fait preuve d'une aussi piètre stratégie en se contentant d'avancer avec régularité. Seules leurs motivations réelles peuvent l'expliquer. Mais la guerre sous toutes ses formes crée des situations si confuses que l'action devient l'unique antidote, au mépris même de toute réflexion civilisée.
Critique La guerre des Gruulls est un petit livre surprise. Particulièrement bien pensé, il se construit avec intelligence et offre une aventure humaine rare. Il élabore parallèlement des problématiques intéressantes concernant tant la psychologie en situation de crise que la théorie relativiste. Curieusement, et c'est probablement ce qui fait les bons ouvrages, La guerre des Gruulls pose moins de questions qu'il n'en fait se poser au lecteur.
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