Un ouvrage d'Orson Scott CARD - 1985

La guerre des GruullsRETOUR LISTECimetière de rêves

Présentation

La Terre a subi une agression de la part des Doryphores. Victorieuse grâce à un brillant stratège, Mazer Rackham, malgré une technologie et une préparation insuffisantes, elle vit depuis quelques décennies dans la crainte d'une nouvelle invasion. C'est dans ce but qu'a été créée la Flotte Internationale (F.I.). Elle a construit des vaisseaux colossaux et développé des armes nouvelles, mais elle a surtout besoin de chefs talentueux et imprévisibles capables de se sortir de toute situation.

Aussi la Flotte Internationale a-t-elle conçu l'Ecole de Guerre de la Ceinture où elle forme des enfants à la pratique du combat physique et stratégique. Les militaires observent les réactions de ces enfants sacrifiés et triés sur le volet pour le bien de l'humanité. L'arrivée d'Ender Wiggin est particulièrement suivie, mais toujours dans la plus grande discrétion. Mais qui cherchent exactement les militaires, et notamment ce mystérieux Colonel Graff ? Et pourquoi montrer tant d'impatience quand nul danger immédiat ne semble apparent ?

L'Ecole de Guerre est censée mettre en valeur les qualités de ces enfants. C'est le jeu qui est utilisé pour cela, et notamment un basé sur une simulation de combat en apesanteur où des armées factices s'affrontent sans discontinuer. Mais jusqu'où perdure le jeu, que dissimulent les classements, les victoires et les défaites ? La stratégie militaire imaginée autour d'Ender verra-t-elle le jour et quels résultats procurera-t-elle ? La réponse se trouve probablement à la fin du jeu, lorsque les passions et les rancœurs retombent, balayées par la perte de certitudes soi-disant éternelles, lorsque tout dépend du devenir d'un simple enfant isolé dans un monde irascible…

 

Personnage central : Ender (Andrew) Wiggin

Ender est un petit garçon de six ans. Depuis sa prime jeunesse, il est muni d'un moniteur qui permet aux autorités de la Flotte Internationale (F.I.) de comprendre ses réactions. C'est le Troisième enfant de ses parents, ce qui lui vaut d'être rabroué par ses camarades de classe et par Peter, son frère aîné, car les familles n'ont généralement droit qu'à deux enfants. Mais Ender possède des qualités qui intéressent les militaires. Il renferme simultanément l'agressivité de Peter et la sensibilité de Valentine, sa sœur protectrice. Sa formation est longue et difficile. Il lui faut une tournure d'esprit singulière pour avancer. Rien ne lui est en effet épargné ! Ender n'a pas le choix; il doit toujours être le meilleur. C'est ce qu'on attend de lui, c'est surtout la seule façon dont il conçoit la vie, comme un tout logique dans lequel l'audace prévaut sur l'immobilisme, comme un engrenage complexe où il ne lui reste plus qu'à trouver sa place.

 

Analyse : La stratégie envers et contre tout

S'il n'est pas identique à l'original (Ender's game), le titre français de l'ouvrage met bien en valeur l'importance des enjeux qui dirigent le récit. Il apparaît en effet rapidement qu'Ender se trouve être au centre d'une stratégie militaire dont l'ampleur dépasse l'imagination. Cette stratégie a pour objectif la victoire. Elle est la somme des réflexions menées par des hommes pour y arriver le plus certainement selon une succession a priori logique d'événements. Curieusement, la stratégie concerne cependant tout autant le quotidien que le destin d'Ender.

Tout dans l'Ecole de Guerre est en effet conçu pour développer le sens tactique. Les jeux font travailler à cette fin la pugnacité et l'ingéniosité. Mais n'est-ce pas comme dans notre quotidien où chaque apprentissage est issu d'une réflexion menée à partir d'un problème donné ? L'esprit met alors en place des mécanismes de réponse. Il s'appuie pour cela sur des raisonnements stratégiques dont la qualité dépend de l'originalité et de la vitesse nécessaire pour les élaborer. Ce dernier critère est probablement essentiel car, outre le très subjectif talent, il correspond au facteur de différenciation le plus fréquent. La célérité crée en effet le gouffre qui sépare, à évolution égale, le génie du médiocre qui n'arrive qu'à suivre. Elle fait également d'Ender un être réceptif aux multiples conditions qui l'entourent puisqu'elle lui permet en un temps imparti de prendre en compte un nombre supérieur de variables et ainsi d'améliorer ses actes.

Ainsi, la plus fine des stratégies ne permet nullement de soustraire l'aléatoire. Les réactions de chacun sont imprévisibles, ce qui est susceptible de contrarier un raisonnement basé sur des constantes, des probabilités. Ender, par exemple, possède des caractéristiques qui poussent le militaires à placer des espoirs en lui, mais aucun jamais ne peut prévoir si l'enfant répondra aux attentes placées en lui. Combien d'espoirs déchus jalonnent nos mémoires ? La qualité d'une stratégie est donc de parvenir à réduire le nombre de variables décisives, pour atteindre envers et contre tout le but qui lui a été conféré, le but qui est sa raison d'être.

 

Critique

La Stratégie Ender est le premier volume d'une désormais prestigieuse trilogie. Particulièrement aisé et agréable à lire, Orson Scott Card utilise la ficelle classique de faire partager au lecteur l'histoire d'un être remarquable et doué. Il le fait cependant si bien qu'il est difficile de lui reprocher les quelques inévitables clichés tels la fierté de l'Espagnol ou la prétention du Français… Il développe également brillamment quelques idées concernant la formation par le jeu ou la manipulation à des fins "utiles" qui donnent du relief au récit. Enfin, l'univers créé dans Ender est inquiétant, car ni plus invraisemblable qu'accueillant. Il ne dissuadera en revanche probablement personne de partir à la rencontre d'un Ender à la recherche tant des Doryphores que de lui-même.

Appréciation

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