![]() Un ouvrage de Robert CHILSON - 1974 |
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Présentation La Terre est desséchée, aride. D'innombrables millénaires se sont écoulés depuis la chute de civilisations légendaires et des trois empires qui ont jadis unifié le continent d'Iréné. Des royaumes se partagent désormais des territoires autrefois fertiles. Parmi eux, celui d'Amballa dont Trebor, Grand Héritier des Préventeurs d'Amballa, a été déchu suite à l'assassinat de son père par les Pramantins du Culte originel. Afin de pallier à cette injustice, Trebor tente de s'allier aux partisans de Vion, ancien Chancelier du Trône de Witstanda. Il se retrouve ainsi rapidement à la poursuite de Viani, fille héritière de Vion, et parcourt de nombreuses contrées pour la sauver. Mais est-elle réellement en danger ? Quelle clé possède-t-elle pour assurer son avenir et celui de son royaume ? Tantôt chasseur, tantôt traqué, Trebor découvre alors des royaumes, des peuples et des créatures directement sortis des légendes les plus lointaines et mystérieuses de la Terre. Alliés ou ennemis mortels, ils jalonnent son chemin d'indices et d'aléas qui vont vite élargir son horizon et ses objectifs. Dès lors, sa quête le mène à développer de puissants pouvoirs pour espérer reconstruire une nouvelle civilisation prospère...
Personnage central : Trebor Cimetière de rêves nous propose de suivre l'épopée de Trebor. Mais en a-t-on vraiment envie ? Trebor apparaît effectivement bien vite comme un personnage méprisant et mesquin (quel calvaire de supporter tous ses efforts pour ne pas perdre sa précieuse épée !) à l'esprit fermé. Même en dépassant cet aspect formel, sa quête est confuse, ses objectifs bien pâles, ses motivations invraisemblables. Seule sa montée en puissance révèle un intérêt notoire. Le rôle de Trebor prend alors une autre envergure, mais le personnage reste le même et l'on peut se demander si son avènement éventuel serait un bien à part pour lui même ?
Analyse : Le poids du temps Le temps est rarement mis en valeur dans les ouvrages de Science Fiction. Au contraire, il est bien souvent éludé par toutes les tentatives plus ou moins réussies de voyage dans le temps. Il faut dire que le temps, tout comme l'espace, est un obstacle à l'imaginaire. Exceptionnelles sont les uvres qui savent en jouer avec subtilité et sans ennui (merci à 2001, l'Odyssée de l'espace). C'est ainsi probablement la qualité majeure de Cimetière de rêves de faire ressentir, à travers ses descriptions de terres ravagées et de cités fantômes, la pesanteur extrême du temps. Pourtant, tout comme l'horloge sur laquelle nos yeux posés font qu'elle ne veut plus avancer, le temps est un critère qui, malgré son aspect implacable, peut devenir malléable. Pour preuve ces instants durant lesquels notre vie se construit, ces actes instantanés décidés sans même prendre le temps de penser. A ce titre, l'histoire passée tout comme les abysses futurs paraissent parfois bien dérisoires face à l'immensité du vécu emmagasiné par chacun dans ce qui n'est d'autre que de l'infiniment petit : la somme des instants vécus est ainsi nettement supérieure au résultat temporel final marqué par cette monotonie propre aux grandes tendances. Quel bilan tenir alors lorsque les années se sont accumulées sur une vie, une ville, une civilisation ? Comment réagir face au relent nostalgique développé par le poids du temps ? A l'image de celle de Trebor dans les allées de Rhodrora, l'émotion déclenchée par la présence proche d'actes oubliés de tous est un fardeau contraignant. Personne n'y est pourtant insensible et chacun est attiré par cet instant où le temps se suspend dans son éternité. Car le temps reprend toujours sa route inexorable vers l'avant, peuplé d'anecdotes et d'aventures qui emplissent notre vie, qui permettent à notre mental d'affronter cette immensité sans se désarticuler.
Critique Réservé aux seuls passionnés de fantastique parsemé de magie, Cimetière de rêves est une réelle déception car il ne prend jamais son envol. Constitué d'une multitude d'événements sans rapports les uns avec les autres, il fait interagir les personnages sans mettre en avant leurs motivations. Il en ressort une confusion au sein de laquelle Robert Chilson tente de créer un monde sans parvenir à le rendre vivant et attirant, un monde que l'on est finalement content de quitter.
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