Un ouvrage de Kim Stanley ROBINSON - 1993

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Présentation

Ils sont cent... en route vers Mars. Ils sont cent scientifiques spécialement préparés en vue de l'installation de la première colonie permanente sur la planète rouge. Ils sont cent à bord de l'Arès à effectuer un aller-simple pour Mars, cent Terriens, essentiellement Russes et Américains, à réaliser leur rêve en cette fin d'année 2026. Ils sont cent à collaborer afin d'appliquer le plus prodigieux projet de l'humanité... ils sont les cent premiers mais ne partagent cependant pas la même vision dans l'élaboration d'une société sur ce nouveau monde vierge.

Dirigés par Maya Toïtovna et Frank Chalmers, les colons s'établissent sur le site de Underhill et s'attaquent à l'installation des infrastructures de base sur la planète. Mais qui croire, qui écouter, quelle direction suivre ? Les affinités du voyage se confirment, les équipes de travail se forment et bientôt les premiers immigrants arrivent. Les divergences scientifiques et politiques ne contrarient cependant guère le développement martien grâce à de formidables innovations technologiques et une implication totale de chacun.

Ce monde hostile et vierge offre en effet un réceptacle unique pour la réalisation des projets les plus ambitieux. La possibilité de sortir des schémas sociaux ancestraux paraît enfin accessible aux plus audacieux. Mais Mars, si lointaine du berceau de l'humanité, demeure également un incroyable enjeu économique et politique pour les puissances terrestres. Cependant, la donne y est radicalement différente, aussi les conflits et leurs conséquences demeurent-ils bien incertains aux yeux des différents partis. Du rêve peut-il naître le chaos ? Les dés sont jetés...

 

Personnages centraux : John Boone & Frank Chalmers

John Boone et Frank Chalmers incarnent le pouvoir... mais il apparaît vite qu'ils n'ont pas la même manière de l'appliquer. Leur opposition est celle du rêve contre le réalisme, du talent contre l'acharnement. De leurs actes, l'avenir de Mars dépend ! Pourtant, derrière leurs différences, ne souhaitent-ils pas la même chose ? Ne désirent-ils pas tous deux faire de Mars un lieu de vie inégalé ? Deux hommes pour deux méthodes, pour deux destins dont les conséquences dépassent leur existence même. Deux hommes, remarquables sans aucun doute, poussés dans leurs ultimes retranchements par une aventure unique et exceptionnelle...

 

Analyse : Aller sur Mars...

Mars la Rouge détaille de manière presque réaliste, bien que probablement optimiste dans les délais, un voyage inaugural d'implantation sur la planète rouge. Aller sur Mars est sans aucun doute un rêve accessible, à condition cependant de partir du postulat qu'il y a bien de l'eau sur la planète, ce qui n'a pas été encore démontré. Dès lors, aucun obstable ne paraît franchement insurmontable. Aller sur Mars donc oui, mais pour y faire quoi ? C'est une idée qui est effectivement peu développée, comme si l'exploit technologique d'un tel projet représentait le seul intérêt. C'est ainsi que, dans Mars la Rouge, peu des cent scientifiques à bord de l'Arès ont réellement réfléchi à la question avant de s'embarquer.

Pourtant, que faire de plus sur Mars que sur la Lune ? Doit-on se contenter d'améliorer notre connaissance stellaire ? Mars a probablement un potentiel bien autre pour l'Humanité... soit un nouveau lieu de vie. Les premiers colons de Mars seront à n'en pas douter des héros. Mais, après l'euphorie, comment réagir face à leur œuvre ? Leur évolution et plus encore leur liberté ne risquent-elles pas de laisser grandir un sentiment de malaise ? Car ces gens vivront comme peu sur Terre le font : pleinement ! Ils iront de l'avant, sans se soucier de ce qu'ils laissent. Ainsi, ils changeront... au point qu'un jour la colonisation de la Terre deviendra un état de fait difficile à résoudre (voir aussi : L'envol de Mars).

Sans aller jusque dans le cadre du conflit, quelle économie instaurer sur Mars, quelle auto-subsistance développer ? Et donc, quel statut lui donner ? Les enjeux sont effectivement différents au cas de l'Antarctique par exemple, où seuls des données économiques et environnementales interviennent. Coloniser une planète comme Mars implique l'introduction à moyen terme de facteurs sociaux pour lesquels toute prospective semble particulièrement ardue. A ce titre, Mars la Rouge revêt un intérêt certain par les idées développées (voir aussi : Mars blanche de Brian Aldiss). Il faudra de même entamer une sérieuse réflexion avant que le cas ne se présente, de préférence agrémentée d'une bonne dose d'intelligence au risque de gâcher un formidable potentiel, au risque une nouvelle fois de se précipiter vers la crise...

 

Critique

Premier volet de la trilogie martienne, Mars la Rouge, à ne surtout pas confondre avec les productions cinématographiques du type Planète Rouge ou Mission to Mars, offre une aventure de grande ampleur au sein de laquelle romance et réalité se côtoient à tout moment. Kim Stanley Robinson réalise le tour de force de rendre trépidant son récit par ailleurs constitué de très nombreuses réalités scientifiques. Il respecte le cadre martien, s'y appuie pour conter une formidable aventure humaine. Il montre une ouverture d'esprit rare et inattendue au vu des premiers chapitres où semble percer une approche américano-centrique bien souvent lassante. Bref, un petit chef d'œuvre à découvrir au plus vite. Il est cependant indispensable de prévoir d'enchaîner Mars la Verte et Mars la Bleue qui bouclent l'aventure.

Appréciation

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